Calcul et fonctionnement du droit de succession

La succession peut s’avérer complexe, entre les démarches administratives et les obligations fiscales, il est parfois difficile de s’y retrouver. Combien doit-on payer ? Qui est concerné ? Existe-t-il des moyens pour les réduire ? Les droits de succession peuvent être source de stress et de complications, surtout si aucune disposition n’est prise en amont.

Pour vous aider à y voir plus clair, nous allons vous présenter tout ce que vous devez savoir sur les droits de succession.

Comprendre les droits de succession

Qu’est-ce que le droit de succession ?

Le droit de succession correspond à l’impôt prélevé par l’État sur le patrimoine transmis à un héritier ou légataire lors d’un décès. Il est calculé en fonction de la valeur nette des biens transmis après déduction des dettes du défunt, ainsi que du lien de parenté entre le défunt et les bénéficiaires.

En France, les droits de succession sont régis par le Code général des impôts, avec des spécificités selon les cas particuliers, comme la résidence fiscale du défunt ou des héritiers.

Personnes concernées (héritiers, légataires)

Les droits de succession s’appliquent à toute personne bénéficiant d’une transmission de patrimoine suite à un décès. Deux catégories principales de bénéficiaires existent :

  • Les héritiers légaux, déterminés par l’ordre de succession établi par la loi (enfants, conjoint survivant, parents, etc.).
  • Les légataires, désignés dans un testament par le défunt, qu’ils soient membres de la famille ou tiers.

Le lien de parenté entre le défunt et le bénéficiaire de la succession influence directement le montant des droits à payer. Plus le lien de parenté est proche, plus les abattements (réductions sur la part taxable) sont importants et donc moins les droits de succession sont élevés. À l’inverse, un lien de parenté éloigné ou l’absence de lien de parenté entraîne des droits de succession plus importants.

Quand les droits de succession sont-ils dus ?

Les droits de succession deviennent exigibles dès le décès du défunt. Ce moment marque l’ouverture de la succession, une étape clé où :

  1. Le patrimoine du défunt est identifié, incluant l’actif (biens immobiliers, comptes bancaires, etc.) et le passif (dettes).
  2. Les héritiers légaux ou désignés dans un testament sont déterminés.
  3. Les modalités de partage du patrimoine sont établies.

La date de décès est également essentielle pour fixer les délais et obligations administratives liées à la succession.

Les héritiers doivent déposer une déclaration de succession auprès de l’administration fiscale dans un délai de :

  • 6 mois si le décès a eu lieu en France métropolitaine,
  • 12 mois si le décès a eu lieu à l’étranger ou dans les DOM-TOM.

Cette déclaration détaille l’ensemble des biens et dettes du défunt, permettant à l’administration de calculer les droits de succession dus. Les héritiers peuvent également y inclure les abattements et exonérations auxquels ils ont droit.

En cas de retard dans le dépôt, des pénalités de 0,20 % par mois de retard, ainsi qu’une majoration de 10 % après un an, peuvent être appliquées. Pour éviter tout problème, il est fortement recommandé de se faire accompagner par un gestionnaire de patrimoine.

Droits de succession et résidence fiscale

La résidence fiscale du défunt et des héritiers joue un rôle crucial dans la détermination des droits de succession. En France :

  • Si le défunt était résident fiscal français, tous ses biens, qu’ils soient situés en France ou à l’étranger, sont soumis aux droits de succession français.
  • Si le défunt résidait à l’étranger, seuls les biens situés en France sont imposables, sauf si des conventions internationales stipulent autrement.
  • Les héritiers résidant en France depuis au moins six ans au cours des dix dernières années sont également soumis à l’imposition française, même si le défunt résidait à l’étranger.

Ces règles visent à éviter les conflits fiscaux entre pays et à garantir une taxation équitable des successions transnationales.

Calcul des droits de succession

L’actif successoral : de quoi parle-t-on ?

L’actif successoral représente l’ensemble des biens et des droits appartenant au défunt au moment de son décès, après déduction des dettes éventuelles. Il est déterminé pour évaluer la base imposable soumise aux droits de succession. Il est tout à fait possible d’optimiser l’imposition de son actif successoral pour limiter sa fiscalité.

Biens immobiliers

Les biens immobiliers, comme les maisons, appartements, terrains ou locaux professionnels, constituent une part importante de l’actif successoral. Leur valeur est généralement déterminée selon sa valeur vénale au jour du décès, c’est-à-dire le prix auquel le bien pourrait être vendu dans des conditions normales de marché.

En cas de litige ou d’incertitude, un expert peut être mandaté pour évaluer le bien.

Certaines réductions spécifiques peuvent s’appliquer, comme pour une résidence principale occupée par le conjoint survivant.

Biens mobiliers (comptes bancaires, placements, etc.)

Les biens mobiliers incluent :

  • Les comptes bancaires : le solde à la date du décès est pris en compte.
  • Les placements financiers : actions, obligations, livrets d’épargne, assurance-vie (hors part exonérée).
  • Les meubles et objets personnels : mobilier, œuvres d’art, bijoux, etc.
    • Leur valeur peut être estimée par inventaire ou forfaitairement à 5 % de la valeur totale de la succession (hors biens immobiliers).

Passif successoral (dettes du défunt)

Pour obtenir l’actif net imposable, il est possible de déduire le passif successoral, qui regroupe :

  • Les dettes personnelles du défunt (prêts en cours, factures non réglées, etc.).
  • Les frais liés aux obsèques (dans la limite de 1 500 € si non justifiés par des factures).
  • Les taxes ou impôts dus avant le décès.

Ces déductions permettent de réduire la base taxable et, par conséquent, les droits de succession à payer.

Abattements et réductions

Abattements en fonction du lien de parenté

L’administration fiscale prévoit des abattements forfaitaires selon la relation entre le défunt et l’héritier. Voici les principaux abattements applicables :

  • Héritiers en ligne directe (enfants, parents) : Ils bénéficient des abattements les plus importants. Chaque enfant, par exemple, peut déduire un abattement de 100 000 € de sa part d’héritage.
  • Conjoint survivant et partenaire de PACS : Ces bénéficiaires sont exonérés de droits de succession, quelle que soit la valeur de l’héritage.
  • Frères et sœurs : Ils bénéficient d’un abattement de 15 932 € sur leur part.
  • Autres membres de la famille (neveux, nièces, cousins, etc.) : Les abattements sont plus faibles et le taux d’imposition est souvent plus élevé. Par exemple, les neveux et nièces ont droit à un abattement de 7 967 €.
  • Tiers (amis, relations non-familiales) : Ces bénéficiaires sont soumis aux taux d’imposition les plus élevés (jusqu’à 60 % après un abattement minimal de 1 594 €)

tableau qui présente l'abattement des droits de succession en fonction des liens de parenté

Ces abattements s’appliquent avant le calcul des droits. Si la part reçue dépasse l’abattement, le surplus est soumis au barème des droits de succession. Il existe aussi le cas de la succession dans une famille recomposée, qui comporte des particularités.

Réductions spécifiques (handicap, etc.)

Certaines réductions supplémentaires peuvent s’appliquer :

  • Héritier en situation de handicap : réduction de 159 325 €, quel que soit le lien de parenté.
  • Biens professionnels : exonération partielle ou totale dans certains cas, comme la transmission d’une entreprise familiale.
  • Dons familiaux : réduction pour les donations antérieures ayant bénéficié d’exonérations.

Barème des droits de succession

tableau qui présente le barème des droits de succession

Exemple de calcul concret (cas simple)

Prenons un cas simple :

  • Un parent laisse un patrimoine de 400 000 € à son enfant unique.
  • Abattement applicable : 100 000 € (ligne directe).
  • Base imposable : 400 000 € – 100 000 € = 300 000 €.

Le barème progressif des droits de succession en ligne directe s’applique :

  • 0 à 8 072 € : 5 % → 403,60 €.
  • 8 072 à 12 109 € : 10 % → 403,70 €.
  • 12 109 à 15 932 € : 15 % → 574,95 €.
  • 15 932 à 552 324 € : 20 % → 56 813,60 €.

Montant total des droits dus : 58 195,85 €.

Outils et simulateurs en ligne

Pour simplifier ces calculs complexes, de nombreux simulateurs en ligne sont disponibles, tels que :

  • Le simulateur officiel des impôts (impots.gouv.fr).
  • Des outils proposés par des banques ou des sites spécialisés en gestion patrimoniale.

Ces outils permettent d’estimer rapidement les droits de succession en fonction de votre situation particulière et d’identifier les abattements et exonérations applicables.

Comment optimiser les droits de succession ?

Pour optimiser efficacement vos droits de succession, il est nécessaire de les prévoir à l’avance, et plus les actions seront mise en oeuvre rapidement, plus l’optimisation sera efficace.

Profiter des abattements de l’assurance-vie

L’assurance-vie est un outil incontournable pour optimiser la transmission de votre patrimoine dans le cadre d’une succession. En effet, elle permet de bénéficier d’une fiscalité particulièrement avantageuse, tout en offrant une grande souplesse dans la désignation des bénéficiaires. Les sommes versées sur un contrat d’assurance-vie avant les 70 ans de l’assuré profitent d’un abattement fiscal de 152 500 euros par bénéficiaire, au-delà duquel s’applique une taxation favorable de 20 % ou 31,25 %.

De plus, les primes versées après 70 ans bénéficient également d’une exonération partielle, à hauteur de 30 500 euros, tout en excluant les gains générés du calcul de l’assiette taxable. En structurant judicieusement vos versements et en choisissant stratégiquement vos bénéficiaires, l’assurance-vie devient un levier puissant pour transmettre votre patrimoine à vos proches tout en réduisant le poids fiscal de la succession.

Le démembrement de propriété ?

Le démembrement de propriété est une stratégie patrimoniale efficace pour optimiser les droits de succession tout en anticipant la transmission de vos biens. Cette technique consiste à séparer la pleine propriété d’un bien en deux droits distincts : l’usufruit et la nue-propriété. L’usufruitier conserve le droit d’utiliser le bien et d’en percevoir les revenus, tandis que le nu-propriétaire détient le droit de propriété sans en avoir l’usage immédiat.

Sur le plan fiscal, le démembrement est particulièrement avantageux, car la valeur transmise au nu-propriétaire est calculée en fonction de l’âge de l’usufruitier, réduisant ainsi l’assiette soumise aux droits de succession. De plus, au décès de l’usufruitier, le nu-propriétaire récupère automatiquement la pleine propriété sans frais supplémentaires, allégeant ainsi la charge fiscale. En intégrant cette solution à votre stratégie patrimoniale, vous pouvez transmettre vos biens de manière optimisée tout en continuant à en profiter de votre vivant.

Anticiper la succession avec les donations

La donation est un levier essentiel pour réduire le poids des droits de succession tout en transmettant votre patrimoine de votre vivant. Elle permet de profiter des abattements fiscaux renouvelables tous les 15 ans, comme les 100 000 euros par parent et par enfant, ou encore les 31 865 euros pour une donation à un petit-enfant. En anticipant vos transmissions, vous pouvez fragmenter le transfert de vos biens sur plusieurs années, limitant ainsi la fiscalité globale tout en bénéficiant d’une meilleure maîtrise de votre patrimoine.

Une planification judicieuse des donations, adaptée à votre situation familiale et patrimoniale, constitue donc une solution clé pour transmettre vos biens en toute sérénité et dans des conditions fiscales avantageuses.

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Aurélien GUICHARD

Aurélien GUICHARD

FONDATEUR, DIRECTEUR ASSOCIÉ

Depuis plus de 20 ans, Aurélien Guichard a développé une expertise en gestion privée et gestion de fortune. Diplômé d’un Master in international Business, membre de la Chambre Nationale des Conseils en Gestion de Patrimoine (CNCGP), il anime le développement du groupe Agora finance Gestion Privée qu’il a fondé en 2007.

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